FTX, la faillite qui ébranle les cryptomonnaies


Samuel Bankman-Fried, fondateur et PDG de FTX, lors d’une audience de la Commission sénatoriale de l’agriculture, de la nutrition et des forêts sur le thème « Examiner les actifs numériques : Risks, Regulation, and Innovation », au Capitole à Washington, le 9 février 2022.

Il y a une semaine encore, la fortune de Sam Bankman-Fried, 30 ans, était estimée par l’agence Bloomberg à 16 milliards de dollars (15,5 milliards d’euros). Elle est aujourd’hui égale à zéro. Son entreprise FTX, la deuxième plate-forme mondiale d’échange de cryptomonnaies, s’est effondrée et s’est déclarée en faillite, vendredi 11 novembre auprès d’un tribunal du Delaware, avec quelque 130 filiales, dans ce qui s’annonce comme la plus grande chute dans le monde des cryptomonnaies.

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Un scandale dont les contours sont encore méconnus, mais qui pourrait être aux cryptodevises ce que fut la faillite en 2001 du courtier en électricité Enron pour les auditeurs comptables (le cabinet Arthur Andersen avait été accusé à l’époque d’avoir participé à la fraude) et, en 2008, celle de Lehman Brothers pour les banques.

La plate-forme, qui emploie 300 salariés, était considérée comme l’une des plus sûres du monde. Elle laisse sur le carreau quelque 100 000 clients ayant déposé leurs jetons électroniques et capitaux chez elle. Selon la presse américaine, Sam Bankman-Fried a tout simplement utilisé plus de la moitié des 16 milliards de dollars de capitaux déposés par ses clients pour financer sa propre société cryptofinancière Alameda, basée aux Bahamas. Selon le Wall Street Journal, Alameda, qui prenait des paris financiers extrêmement risqués, doit 10 milliards de dollars à FTX. Et au moins 1 milliard de dollars puisé dans les dépôts des clients a disparu, selon Reuters.

Défaillances

Ainsi, le monde des cryptomonnaies semble s’être permis ce qui est interdit aux Etats-Unis depuis la crise de 1929 – interdiction renforcée après la crise financière de 2008 : utiliser l’argent de ses clients pour spéculer pour son propre compte. La SEC, le gendarme de la Bourse américain, enquête sur ce scandale des cryptodevises.

L’entreprise FTX est désormais dirigée par un spécialiste des faillites, John Ray, qui supervisa la liquidation d’Enron en 2001. Il va devoir gérer des actifs et des dettes d’un montant qui serait valorisé entre 10 et 50 milliards de dollars. « Le groupe FTX dispose d’actifs précieux qui ne peuvent être gérés efficacement que dans le cadre d’un processus organisé », a déclaré M. Ray, cité par le Financial Times.

Depuis des mois, les Bourses de cryptomonnaies ont multiplié les défaillances, avec l’effondrement des bitcoins et autres cryptodevises. Le bitcoin vaut environ 16 700 dollars, quatre fois moins que le record atteint il y a un an. Ce qui devait être l’or digital, offrant stabilité des cours, garantie d’authenticité et protection contre l’arbitraire des gouvernements, s’est révélé volatil comme l’action d’une start-up du Nasdaq pendant la bulle Internet et totalement perméable aux vols et autres manipulations. Les plates-formes qui les gèrent de manière non régulée se sont retrouvées avec des problèmes de liquidité croissants, quand les épargnants ont tenté de retrouver leurs billes.

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